De 1115 à aujourd'hui
Vers 1115, Frédéric le Borgne, le père de Frédéric Barberousse, construit un château dans l’île de la Moder (à l’emplacement de l’actuelle Maison de retraite). C’est à l’ombre de cette "Burg" que va naître et se développer Haguenau (le nom signifie "l’enclos de la rivière").
La ville prospère grâce aux empereurs Frédéric Ier Barberousse et Frédéric II qui y résident occasionnellement jusqu’en 1250 et lui accordent des droits importants (la charte de franchises de Frédéric Barberousse en 1164). C’est à Haguenau que Richard Cœur de Lion, alors prisonnier de l’empereur, est jugé en 1193 et condamné à verser une lourde rançon. C’est à Haguenau que siège à partir de la fin du XIIIème siècle le Grand-Bailli, représentant de l’empereur en Alsace. C’est Haguenau encore qui est le chef-lieu de la Décapole, l’organisation des dix villes constituée en 1354. En 1434, l’empereur Sigismond partage avec la ville la propriété de la forêt ; ce statut de forêt indivise entre la ville et l’Etat est toujours en vigueur. Important centre économique, commercial surtout, Haguenau est aussi, jusqu’au XVIème siècle un grand foyer culturel, avec notamment d’importants ateliers d’imprimerie (Gran, Anshelm, Setzer…). Les églises Saint Georges et Saint Nicolas, la chancellerie (Musée Alsacien) ou encore l’Ancienne Douane sont les vestiges les plus marquants de cette période de gloire et de prospérité.
Mais la guerre de Trente Ans ouvre un siècle noir, avec son cortège de sièges et d’occupations, comme celle du tristement célèbre Mansfeld en 1621-22. Le rattachement de l’Alsace à la France en 1648 provoque des tensions entre la ville et l’autorité royale : en 1677, sur ordre de Louis XIV, la ville est incendiée à deux reprises et détruite, le château impérial disparaît. A partir de 1715, après la Guerre de succession d’Espagne, Haguenau renaît véritablement et se reconstruit : c’est, après Strasbourg et Colmar, la Ville d’Alsace la plus riche en édifices du XVIIIème siècle. Dès lors, et jusqu’ au XXème siècle, elle devient un grand centre de commercialisation des produits agricoles de son arrière-pays (garance au XVIIIème siècle, houblon au XIXème siècle), une importante ville-garnison, surtout après 1871, tout en tirant parti des ressources du massif forestier. Par contre, les activités industrielles ne sont guère encouragées.
L’époque du Reichsland, de 1871 à 1918, est dominée par la personnalité de Xavier Nessel, un grand maire bâtisseur (musée, écoles, casernes, parc de la gare). Après la période de l’entre-deux-guerres, au cours de laquelle Haguenau est un des bastions de l’autonomisme alsacien, la ville est occupée par les Allemands en 1940. Comme tout le nord de l’Alsace, elle n’est libérée qu’en mars 1945. Après deux mois de combat sur les lignes de la Moder, la ville offre un visage de désolation. Elle se reconstruit après 1950 et se développe : elle est devenue un centre industriel attractif, véritable plaque tournante de l’Alsace du Nord. En même temps, les municipalités successives ont mis l’accent sur son image de marque, grâce à d’importants travaux d’embellissement (zone piétonne) et à l’essor des activités culturelles, pour que Haguenau reste, avec ses 36 000 habitants, la 4e ville d’Alsace où il fait bon venir, rester et vivre.
La Forêt Sainte de Haguenau.
Notre forêt a toujours joué un rôle fondamental pour Haguenau. Les premières traces de la présence humaine en Forêt de Haguenau datent du Mésolithique. Durant l’âge de bronze, l’homme colonise l’intérieur de la forêt. Il existe à cette époque une importante production artisanale d’épingles à vêtements et de haches qui sont vendues en échange d’ambre. Haguenau a sans aucun doute contribué à la diffusion de l’ambre de la Baltique vers le sud.
Aux premiers temps du christianisme, des moines ont établi leur résidence dans le massif de Haguenau où ils pratiquent une vie d’ermites. Du VIe siècle au XIIIe siècle, huit couvents ont été fondés dans la forêt ou sur sa lisière : Arnulfsau, Biblisheim, Koenigsbruck, Marienthal, Neubourg, Seltz, Surbourg et Walbourg. C’est ainsi que la Forêt de Haguenau a été surnommée la « Forêt Sainte ». De ces temps passés ne subsistent que quelques témoins dont le Gros chêne. La Forêt de Haguenau devint à partir du XIème siècle, un domaine de chasse des empereurs du Saint Empire Romain Germanique qui construisirent un château sur une île de la Moder autour duquel s’édifia un village du nom de Haguenau.
En 1164, Frédéric Barberousse accorda aux habitants le droit de prélever en forêt du bois de chauffage et de construction (chêne et hêtre) selon les besoins. En 1434, l’empereur Sigismond décida d’octroyer la gestion de la forêt conjointement au grand-bailli et à la Ville. C’est le point de départ de l’indivision, qui sera confirmée par une ordonnance du Conseil du roi Louis XIV le 28 août 1696. La forêt appartient alors à parts égales à la Ville de Haguenau et à l’Etat. La Forêt Indivise de Haguenau constitue la plus grande forêt indivise de France.
Par la suite, la Révolution française fit fermer les couvents et leurs biens furent vendus. Des paroisses aux alentours, comme celle de Saint-Nicolas à Haguenau, purent ainsi acheter des statues, stalles et autres meubles liturgiques. Les sanctuaires furent ensuite détruits ou transformés en église paroissiale comme à Surbourg et Walbourg.