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1374… et paf ! Haguenau frappe sa monnaie

Une riche histoire à redécouvrir

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Évocation de la fabrication de monnaie dans une gravure de Leonhard Beck. 

C’est en 1374 que notre ville a officiellement obtenu le droit de battre monnaie, il y a 650 ans ! Le droit de monnayage a marqué un chapitre important de l’histoire de Haguenau, reflétant son statut et son rôle dans l’Empire. Aujourd’hui, cette riche tradition reste une source de fierté pour la ville ! 

Les premières traces d’une monnaie « haguenovienne » remontent au XIIIᵉ siècle, sous les Hohenstaufen. Certaines pièces de cette époque portent l’image du château impérial et l’inscription Hagenowe-Imperator. Toutefois, les archives ne confirment pas que ces pièces aient été frappées dans la ville. 

Le tournant décisif a lieu au XIVᵉ siècle. En 1374, l’archiduc Léopold d’Autriche, au nom de l’empereur, octroie à Haguenau le droit de monnayage, permettant ainsi à la ville de frapper des pièces d’or et d’argent. Ce privilège sera renforcé à plusieurs reprises, notamment par Charles Quint en 1544.  

Une activité sporadique mais contrôlée  

Bien que Haguenau ait bénéficié de ce privilège, l’utilisation du droit de monnayage restait irrégulière, les finances ne permettaient cette activité qu’épisodiquement. Cependant, entre 1600 et 1673, la frappe de monnaie devient plus intense. Les pièces haguenoviennes se distinguent par la mention Hagenaw ou par le blason de la ville : une rose quintefeuille (ein funff pletterige Rosen). 

Deux bâtiments liés à cette activité sont mentionnés dans les archives : le Münzwerk (atelier monétaire), situé dans une partie du moulin (Herrenmühle) rue du Château, et la Münz (hôtel de la monnaie), qui se trouvait rue de la Mare aux Canards. 

Un savoir-faire rigoureux  

La fabrication de monnaie obéissait à des règles strictes. Le processus débutait avec le chauffage de lingots, transformés en fines lames, puis découpées en rondelles appelées flans. Ces flans étaient ensuite frappés à l’aide de coins en acier gravés, révélant les motifs et inscriptions des pièces. Apparaît enfin la pièce, « sonnante et trébuchante, de bon aloi…ou pas » ! 

1374 : l'archiduc d'Autriche accorde l'autorisation de frapper monnaie

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Par la grâce de Dieu, nous Léopold archiduc d’Autriche, de Styrie, de Carinthie, de Carniole et du Tyrol…autorise son Landvogt, son Schultheiss et les bourgeois de Haguenau à frapper dans cette ville impériale toutes sortes de monnaie d’or et d’argent autant qu’ils en désireront. Baden, 1374. Document conservé à la Bibliothèque Universitaire de Heidelberg. 

Un peu de vocabulaire !  

Landvogt (bailli) : officier qui exerce le pouvoir ou la tutelle au nom de l’empereur dans l’ensemble des territoires alsaciens 

Schultheiss (écoutète ou prévôt): officier seigneurial chargé des attributions judiciaires ou de police d’une ville 

Monnaies du XIVe siècle, pile et face, revers et avers ! 

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Exemples de denier ou pfennig, argent, dernier quart du XIVe siècle. 

En numismatique, l'avers est le côté de la monnaie portant l'effigie, ou le motif essentiel symbolisant l'autorité émettrice. En langage courant, il s’agit du côté face

Le revers est le côté de la monnaie opposé. Son autre nom en langage populaire est le côté pile

1516 : Maximilien Ier accorde l’autorisation de frappe d’espèces de monnaies supplémentaires

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Après demande du magistrat et du conseil de Haguenau de frapper des monnaies d’or et d’argent, la ville de Haguenau sollicite une nouvelle concession auprès de l’empereur Maximilien Ier. Les pièces, d’or et d’argent, seront des florins d’or du Rhin, des gros sous (dickpfennig), des blappert, des vierer, des zweiling, des pfennig et des heller.  

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Florin, or, émis en 1601 (un exemplaire rarissime !) 

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Dicken, argent, XVIe siècle

Florin d’or

Avers: armes de l’Empire, aigle et légende Maximilianus romanorum imperator 
Revers : le blason de la ville, la rose aux cinq feuilles dans un écu, ou saint Jean Baptiste ou saint Georges à leurs pieds la rose dans un écu, avec légende Moneta aurea imperialis camerae Hagenow ou Aurum imperialis camerae Hagenogia 
 
Dick pfennig 

Avers : aigle avec ailes étendues et légende Justitia manet in aeternum 
Revers : Rose à cinq feuilles dans un écu, ou saint Georges à cheval avec la rose sous le cheval dans un écu et légende Moneta imperialis camerae Hagenow ou Hagenogia imperii camera 
 
Schilling groschen 

Avers: rose à cinq feuilles dans un écu et légende Grossus Hagenow 
Revers : croix avec légende salve crux sancta ou Ave spes unica 
 
Blaphart 

Avers : rose à cinq feuilles dans un écu avec légende Moneta  Hagenowe 
Revers : croix avec légende Salve crux sancta ou Tu salus nostra 
 
Vierer, comme les blaphart 
 
Zweyling, de chaque côté une rose et légende Moneta Hagenowe ou Hagenogia Imperii camera 
Pfennig et Heller, avec l’aigle aux ailes déployées 

Nouvelle concession de Charles Quint

En 1544, Charles V, au vu de la circulation dans l’empire d’espèces de monnaie non mentionnées dans la charte de 1516, autorise la ville (sur sa demande) à fabriquer des espèces de monnaie supplémentaires. 

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Les pièces auront :  

  • D’un côté l’aigle de l’empire avec l’inscription CAROLUS V. ROMANORUM IMPERATOR AUG. et de l’autre côté dans un écusson une rose quintefeuille avec l‘inscription NUMMUS ARGENTEUS HAGANOIENSIS… 
  • D’un côté l’aigle de l’empire avec l’inscription CAROLUS V. ROMANORUM IMPERATOR AUG. et de l’autre côté le blason de la ville de Haguenau avec l’inscription MONETA ARGENTEA CIVITATIS HAGANOIENSIS 

Le registre comptable du contrôleur Philippe Wulvesheim  

Le contrôleur officiait à « La monnaie » (Die Münz) sise en 1625 dans la maison de l’ancien Maire Xavier Nessel, à l’angle de la Mare aux Canards et de la rue de la Filature. 

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Dans l’atelier de la monnaie  

L’atelier de la monnaie était installé dans une partie du moulin « Herrenmühle », sis rue du château. Les rouleaux pour laminer la matière étaient actionnés par la force de l’eau.  

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Registre de fonte et lames de la monnaie de Haguenau en 1625. 

À Haguenau, des coins uniques   

En numismatique, le coin est un morceau de métal, généralement en acier et de forme cylindrique, sur lequel est gravée en creux l'empreinte d'une pièce de monnaie ou d'une médaille. Cette gravure est réalisée à partir d'une matrice, réalisée par un maître-graveur. 

Les flans de métal sont frappés à l'aide d'une presse par deux coins : le « coin de pile » (en dessous) et le « coin de face » (au-dessus). La frappe produit une pièce de monnaie. 

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La paire de « Taschenprägewerk » du thaler de Haguenau de 1635 conservée au sein du médaillier du Musée Historique est l’unique exemplaire connu en collection publique.

Suivez le plan !  

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Ce plan a été réalisé par Foye en 1845. Il a été reproduit à partir d’un plan dessiné par Kageneck en 1763. Le numéro 42 au centre du plan, indique l’emplacement du moulin « Herrenmühle » où les lingots étaient passés au laminoir. Ce procédé est avéré par un document de 1625. Le numéro 25 désigne l’emplacement de la nouvelle monnaie située dans la rue de la Mare aux canards. 

La médaille de baptême, tradition ancestrale 

Le sou ou la médaille donnée lors d’un baptême est une coutume très ancienne. À Haguenau, au Moyen-Âge, cette tradition était avisée de dispositions très strictes ! 

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Traduction de l’inscription sur la médaille de baptême : En mon souvenir, j’offre ce groschen. 

Du blason à la monnaie 

En 1816, pour officialiser et pérenniser le blason de Haguenau, le maire Antoine Félix Weinum adresse un courrier au préfet du Bas-Rhin. À cette lettre est joint un dessin du blason de la ville, tel décrit sur le diplôme de l’Empereur Maximilien Ier daté de 1516. 

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Le diplôme du 8 mars 1817, portant signature du garde des sceaux et, par délégation la signature du Roi Louis XVIII, appendu du grand sceau royal, concède les armoiries à la ville de Haguenau : d’Azur, à la Quinte-feuille, en Abîme d’Argent, Boutonnée de Gueules. 

Proverbes et dictons : c’est monnaie courante ! 

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Gros ou groschen ou plappert, argent, 1600. 

De nombreuses expressions populaires sont liées à la monnaie : 

En français… 

  • Propre comme un sou neuf 
  • Rendre la monnaie de la pièce 
  • En espèces sonnantes et trébuchantes (le mot « sonnantes » se reporte au bruit que faisaient les pièces en s’entrechoquant et le mot « trébuchantes » rappelle la balance utilisée pour de faibles poids, un trébuchet) 
  • De bon aloi (l’aloi est l’alliage de deux métaux utilisés pour la fabrication de la monnaie) 
  • C’est monnaie courante ! 
  • Ne pas avoir un sou vaillant ! 

… en allemand 

  • Ein Heller und ein Batzen, die waren alle beide mein, 
  • Der Heller ward zu Wasser, der Batzen ward zu Wein. 
  • Wer der Pfennig nicht ehrt, ist des Talers nicht wert 
  • Das Leben ist wie eine Münze, man kann sie ausgeben wie man will…aber nur einmal 
  • Besser Heute einen Pfennig als Morgen einen Groschen 

Et en alsacien ! 

  • A sübrot 
  • Do hesch a Thàler, gesch uf d’Märik, kafsch d’r à Pferd un à Küh, un à kleines, kleines Kelwele dezü ! 
  • A pfennigspalter 
  • Jetzt leuj einer Mesch, zweimol do her, wie dreii frawe, in ver Läde gehn, ver fenef sü, sechs Bombom kaufe, gehn acht, Sie gehn nin, un kauffe zehn 
     

Dossier réalisé par Suzanne Muller, archiviste chargée des archives municipales historiques. 
 


 

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