Forêt emblématique du nord de l’Alsace, la forêt de Haguenau constitue une continuité naturelle entre le piémont des Vosges et les forêts rhénanes.
Le pin sylvestre et le chêne occupent chacun un peu plus du tiers de la surface ; viennent ensuite le hêtre (8%) et le bouleau (7%) qui s’est développé à la faveur de la tempête de 1999.
La plus grande forêt indivise de France
Ce statut d’indivision signifie que la forêt appartient pour moitié à l’Etat et pour moitié à la Ville de Haguenau. Héritage du passé, scellé par Louis XIV, ce statut de propriété constitue la reconnaissance du droit des haguenoviens sur cette forêt. Cela implique un mode de gouvernance tout à fait particulier où toute décision en matière de gestion résulte d’une concertation entre les deux propriétaires.
Une forêt unique
Du fait de sa localisation et de la nature de son sol, la forêt indivise de Haguenau est le seul représentant des forêts mixtes de type médio-européen en France. Elle se caractérise par deux essences phares :
- le chêne dont son bois de qualité est recherché notamment par les mérandiers pour fabriquer des tonneaux à vin ;
- le Pin sylvestre dont un écotype (variété) ne se retrouve qu’à Haguenau. Ce pin sylvestre allie deux qualités que l’on ne retrouve pas ailleurs à savoir qu’il pousse rapidement tout en produisant un bois de qualité.
C’est par ailleurs, une forêt très fortement marquée par la tempête de 1999, qui a contribué à modifier sa structure. Le Pin sylvestre, essence la plus touchée avec 800 000 m3 de bois arrachés (l’équivalent de 10 ans de récolte) bien que toujours dominant, a laissé place par endroit au bouleau qui fait l’objet d’une sylviculture spécifique.
Une richesse environnementale reconnue
De part la taille du massif et la juxtaposition de structures forestières à tous les stades d'évolution, la forêt de Haguenau présente une fonctionnalité écologique remarquable. On y trouve une grande diversité d’habitats forestiers et d’espèces menacées et protégées. À ce titre, la forêt a été reconnue d’intérêt communautaire et classée Natura 2000.
Elle abrite également une réserve biologique intégrale de 230 hectares (surfaces sur lesquelles l’homme n’intervient plus) et une réserve biologique dirigée de 20 hectares (seuls des interventions en génie écologique au profit de la restauration des milieux naturels peuvent avoir lieu). Aujourd’hui, 7% de la surface de la forêt bénéficie d’un régime de protection du patrimoine naturel.
Une forêt vivante
Comme en témoignent les sites archéologiques recensés et s'étendant sur plus de 1 000 ha, les forêts de la région de Haguenau ont été occupées par l’homme depuis le néolithique. La Ville de Haguenau elle-même doit son origine à la présence de la forêt. Le rôle de la forêt dans l’histoire religieuse (présence d’ermites et de couvents), lui a valu le surnom de "Forêt Sainte". L’exploitation des ressources de la forêt de Haguenau est une tradition pluri-séculaire et elle ne se limite pas au bois : charbon ; argile, pour les célèbres potiers de Soufflenheim et de Betschdorf ; et même pétrole sont valorisés par les populations locales avec un pic de production aux XVIIème et XIXème siècles. La chasse y est également pratiquée, avec aujourd’hui, 20 lots dont 1 est géré en régie par l’ONF depuis 2010 à titre expérimental, afin de restaurer l’équilibre forêt gibier sur le massif.
Gestion durable et multifonctionnelle de la forêt
La gestion de la forêt indivise de Haguenau d'une surface de 13 406 hectares est assurée par l’Office National des Forêts (ONF) en collaboration avec la Ville de Haguenau. Riche de nombreux patrimoines naturels, historiques, culturels, économiques, la gestion sylvicole mise en œuvre en forêt indivise de Haguenau vise à satisfaire les trois fonctions principales que sont la protection des milieux naturels, l’accueil du public et la production de bois.
Les orientations de gestion sont notamment marquées par :
- l’abandon des coupes rases;
- le recours à la régénération naturelle plutôt qu’à la plantation;
- la valorisation des peuplements mélangés;
- la conservation d’arbres morts, vieillissant ou porteurs de cavités au profit de la biodiversité;
- l’étalement des récoltes dans le temps de façon à maintenir en permanence un couvert forestier.
La gestion en quelques chiffres :
- 49 000 m3 de récolte annuelle (contre 83 000 m3 avant la tempête de 1999) ;
- 250 hectares de réserves biologiques (peuplements laissés en libre évolution) ;
- Près de 200 km de d’itinéraires balisés.